Une mise en espace de la mémoire cheminote
Un lieu riche de passé mérite des égards quand les exigences du présent s’emparent de lui et le métamorphosent. Il est bon qu’un rite de passage ait lieu, que les anciens nous introduisent dans ces lieux qu’ils ont animés de leur intelligence, de leur énergie, de leur peine.
Nous souhaitions que les témoins deviennent ainsi des passeurs, ceux qui instaurent une continuité lucide entre deux époques.
« Fragments de vies et d’acier », que nous définirions volontiers comme une veillée a été présentée les 21 et 22 octobre 2011 à la grande Halle des Ateliers SNCF d’Arles.
Le fil rouge…
Ce moment de partage de mémoire mêlant les générations, cette rencontre avec le public, sont le fruit d’une collaboration entre l’équipe artistique et 5 anciens cheminots rencontrés grâce à l’ethnologue du Museon Arlaten Kristel Amelal. Nous nous sommes plongés dans les entretiens réalisés par l’ethnologue, puis nous avons réalisé nos propres entretiens afin de créer le lien avec eux. Nous avons puisé dans leur mémoire et fait des choix afin qu’ils nous content eux-mêmes leurs souvenirs, mis en espace et soutenus par un univers sonore et musical. Nous avons confronté cette « classe ouvrière » pétrie de luttes et d’amour du « travail bien fait », à notre propre pratique artistique, ainsi qu’à notre réalité du monde du travail.
Dans une période où notre société s’interroge sur la nécessité d’allongement de la durée des carrières professionnelles, sur la pénibilité du travail et le mal-être des salariés souvent sous-estimés, il nous semblait utile et urgent de restituer sous toutes ses facettes la réalité ouvrière passée.
Un partenariat avec le Museon Arlaten et le CE cheminots PACA
Grâce aux ethnologues du Museon Arlaten qui ont collecté de nombreux témoignages, existe un trésor de paroles recueillies auprès des hommes et des femmes acteurs de cette épopée industrielle. Le témoignage oral est une des formes premières de l’expérience des générations qui nous précèdent. Le théâtraliser, ce n’est pas simplement faire survivre un passé, c’est aussi marquer dans le présent la part irremplaçable de chacun, revendiquer une autre place sociale que l’anonymat diffus.
Ce projet n’aurait pu voir le jour sans un partenariat fort, une confiance, et un échange constant entre le collectif l’isba et deux structures, le Museon Arlaten et le CE cheminots PACA. Le temps accordé à la mise en place de ce projet en deux temps, les échanges d’expériences, les habitudes de travail, mais également les contraintes liées à chaque profession, ainsi que les diverses compétences, ont permis au collectif d’entretenir avec ses partenaires un réel lien social et artistique, inhérent au projet.[gn_spoiler title=”Lire la suite…”]
Ce qui s’est engagé avec les anciens des ateliers SNCF va au-delà du lieu même. Grâce au partenariat avec le CE cheminot PACA, à partir de décembre 2011 nous allons poursuivre l’expérience de mise en espace avec ces 5 cheminots, dans d’autres ateliers : Avignon le 27 mars à 17h à la Rotonde de la SNCF, Marseille le 10 avril à 17h aux ateliers SNCF Marseille Blancarde, Miramas et Nice.
Ils seront passés du statut de témoins, à celui de conteurs… et ça, c’est une autre histoire !
Il existe une captation de « Fragments de vies et d’Acier » présenté à la Grande halle le 22 octobre 2011. Le DVD est disponible à la médiathèque d’Arles ainsi qu’au museon Arlaten.[/gn_spoiler]
Distribution du spectacle
Conception : Catherine Krajewski
Mise en scène : José Renault assisté de Catherine Krajewski
Comédienne : Catherine Krajewski
Musicien / Création musicale : Jean-François Veran
Régie générale : François De Bortoli
Les Anciens cheminots : Edmond Blanc, Louis Brunet, Jean Fanton, Jean Fassin, Guy Veran